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DE HENRI III. [l589] 4°3
Il faisoit lors à Paris fort dangereux de rire : car ceux qui portoient seulement le visage un peu gay étoient tenus pour politiques; et il y eut une maison honorable qui faillit d'être saccagée, pour ce que la servante avoit rapporté que son maître et sa maîtresse avoient ce jour-là ri de bon courage.
Le jeudy 18, les troupes de Saveuses et Forceville, seigneurs picards, furent deffaites à Bonneval par Chastillon. Saveuses, pris et blessé, fut mené à Bau-gency, où il mourut en-catholique zelé, c'est-à-dire desesperé, sans vouloir demander pardon à Dieu, ni reconnoître le Roy. Il portoit en sa cornette la croix de Lorraine, avec ces paroles .en lettres d'or : Morir, 6 mas contento. Chastillon étant ensuite venu à Tours, Sa Majesté l'embrassa par deux fois, et le tint deux heures dans son cabinet.
Le mardy 20 juin, fut faite' à Paris une solemnelle procession, en laquelle furent portés par les évêques les corps de saint Denis, de saint Rustic et de saint Eleuthere;et la chasse de saint Louis, son chef, et le chef de saint Denis, furent portés par des conseillers de la cour de parlement, vêtus en robes rouges.
En ce mois, deux honnêtes dames de Paris, de la religion, lesquelles, pour en faire ouverte profession et n'avoir obey aux edits du Roy, étoient [depuis les barricades] toujours demeurées cachées en leurs maisons, et qui ça, qui là, tantôt en un endroit et tantôt en l'autre, ayant été finallement découvertes, tomberent entre les mains du peuple, qui, sans autre figure ni forme de proces, les vouloit saccager et traîner
une grande réputation parmi les ligueurs, ils firent d'horribles impré-'■ cations contre la ville de Senlis.
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